En 1956, le philosophe juif allemand Günther Anders écrivit cette réflexion prémonitoire : Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus segmenté.
On occupera les esprits avec ce qui est futile, ludique et polarisant, question d’alimenter les réseaux sociaux. On diffusera massivement, via les médias traditionnels, des divertissements abrutissants, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s’interroger, penser, réfléchir. On mettra la sexualité sous toutes ses formes au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation devient le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.
L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est, c’est-à-dire un produit, un veau qui doit être surveillé comme doit l’être un troupeau.