Les moutruches et les mougeons

Un(e) moutruche est un individu qui a les traits de caractère supposés du mouton et de l’autruche, à savoir une docilité extrême et le refus de voir les choses telles qu’elles sont en réalité. Le plus grand nombre suit le mouvement, d’autres se mettent la tête dans le sable pour ne pas entendre ou voir la réalité.

Le mougeon est un individu qui suit également le mouvement ou une majorité sans réfléchir en se faisant escroquer ou duper. Le mougeon vit à l’année avec sa femelle et ses petits à l’intérieur d’étables étroites et superposées autour desquelles ont été disposées des grandes surfaces alimentaires pour le nourrir et des stades pour le distraire.

Le criminel, c’est l’électeur !

Texte de Albert Libertad (1906)

Un texte de 1906

Un texte de 1906 qui n’a pas pris une ride. J’y souscris !

C’est toi le criminel, ô peuple, puisque c’est toi le Souverain. Tu es, il est vrai, le criminel inconscient et naïf. Tu votes et tu ne vois pas que tu es ta propre victime. Pourtant, n’as-tu pas encore expérimenté que les députés, qui promettent de te défendre, comme tous les gouvernements du monde présent et passé, sont des menteurs et des impuissants ? Tu le sais et tu t’en plains ! Tu le sais et tu les nommes ! Les gouvernants quels qu’ils soient, ont travaillé, travaillent et travailleront pour leurs intérêts, pour ceux de leurs castes et de leur coteries. Où en a-t-il été et comment pourrait-il en être autrement ? Les gouvernés sont des subalternes et des exploités : en connais-tu qui ne le soient pas ?

Tant que tu n’as pas compris que c’est à toi seul qu’il appartient de produire et de vivre à ta guise, tant que tu supporteras, par crainte, et que tu fabriqueras toi-même, par croyance à l’autorité nécessaire, des chefs et des directeurs, sache-le bien, tes délégués et tes maîtres vivront de ton labeur et de ta niaiserie. Tu te plains de tout ! Mais n’est-ce pas toi l’auteur des mille plaies qui te dévorent ?

Tu te plains de la police, de l’armée, de la justice, des casernes, des prisons, des administrations, des lois, des ministres, du gouvernement, des financiers, des spéculateurs, des fonctionnaires, des impôts, des patrons, des prêtres, des proprios, des salaires, des chômages, du parlement, des gabelous, des rentiers, de la cherté des vivres, des fermages et des loyers, des longues journées d’atelier et d’usine, de la maigre pitance, des privations sans nombre et de la masse infinie des iniquités sociales.

Tu te plains mais tu veux le maintien du système où tu végètes. Tu te révoltes parfois mais pour recommencer toujours. C’est toi qui produis tout, qui laboures et sèmes, qui forges et tisses, qui pétris et transformes, qui construis et fabriques, qui alimentes et fécondes !

Pourquoi donc ne consommes-tu pas à ta faim ? Pourquoi es-tu le mal vêtu, le mal nourri, le mal abrité ? Oui, pourquoi le sans pain, le sans souliers, le sans demeure ? Pourquoi n’es-tu pas ton maître ? Pourquoi te courbes-tu, obéis-tu, sers-tu ? Pourquoi es-tu l’inférieur, l’humilié, l’offensé, le serviteur, l’esclave ?

Tu élabores tout et tu ne possèdes rien ? Tout est par toi et tu n’es rien.

Je me trompe, tu es l’électeur, le votard, celui qui accepte ce qui est, celui qui, par le bulletin de vote, sanctionne toutes ses misères, celui qui, en votant, consacre toutes ses servitudes.

Tu es le volontaire valet, le domestique aimable, le laquais, le larbin, le chien lèchant le fouet, rampant devant la poigne du maître. Tu es le sergot, le geôlier et le mouchard. Tu es le bon soldat, le portier modèle, le locataire bénévole. Tu es l’employé fidèle, le serviteur dévoué, le paysan sobre, l’ouvrier résigné de ton propre esclavage. Tu es toi-même ton bourreau. De quoi te plains-tu ?

Tu es un danger pour nous, hommes libres, pour nous, anarchistes. Tu es un danger à l’égal des tyrans, des maîtres que tu te donnes, que tu nommes, que tu soutiens, que tu nourris, que tu protèges de tes baïonnettes, que tu défends de ta force de brute, que tu exaltes de ton ignorance, que tu légalises par tes bulletins de vote, et que tu nous imposes par ton imbécillité.

C’est bien toi le Souverain, que l’on flagorne et que l’on dupe. Les discours t’encensent. Les affiches te raccrochent; tu aimes les âneries et les courtisaneries : sois satisfait, en attendant d’être fusillé aux colonies, d’être massacré aux frontières, à l’ombre de ton drapeau.

Si des langues intéressées pourlèchent ta fiente royale, ô Souverain ! Si des candidats affamés de commandements et bourrés de platitudes, brossent l’échine et la croupe de ton autocratie de papier; Si tu te grises de l’encens et des promesses que te déversent ceux qui t’ont toujours trahi, te trompent et te vendront demain : c’est que toi-même tu leur ressembles. C’est que tu ne vaux pas mieux que la horde de tes faméliques adulateurs. C’est que n’ayant pu t’élever à la conscience de ton individualité et de ton indépendance, tu es incapable de t’affranchir par toi-même. Tu ne veux, donc tu ne peux être libre.

Allons, vote bien ! Aies confiance en tes mandataires, crois en tes élus !

Mais cesse de te plaindre. Les jougs que tu subis, c’est toi-même qui te les imposes. Les crimes dont tu souffres, c’est toi qui les commets. C’est toi le maître, c’est toi le criminel, et, ironie, c’est toi l’esclave, c’est toi la victime.

Nous autres, las de l’oppression des maîtres que tu nous donnes, las de supporter leur arrogance, las de supporter ta passivité, nous venons t’appeler à la réflexion, à l’action.

Allons, un bon mouvement : quitte l’habit étroit de la législation, lave ton corps rudement, afin que crèvent les parasites et la vermine qui te dévorent. Alors seulement tu pourras vivre pleinement. Le criminel, c’est l’électeur !

LA SEDITION

Ce mot signifiait autrefois le soulèvement concerté et préparé contre l’autorité établie. Aujourd’hui, si l’on consulte le petit robert ou la grande rousse ce mot est synonyme de complot et d’attentat. Quand je vous dis qu’il faut se réapproprier le vocabulaire. Ils nous ont volé nos mots….

Mais revenons à la sédition ! De la même manière que l’on considèrait pendant la guerre les résistants comme des terroristes, le fait de se soulever contre l’ordre établi est considéré comme un acte terroriste. Mais que faire lorsque la puissance établie l’est injustement ?

A la révolution je préfère la sédition qui permet d’établir un processus dans lequel la révolution n’est que l’aboutissement logique de sa préparation. De la révolution de 1789 à celle de la Tunisie en 2010, l’assemblée constituante n’a pas répondu aux espèrances , loin s’en faut. Les échecs ne sont-ils pas dûs à l’inversion du processus ? Les financiers sont accusés à tort. Ils ne font que leur boulot de financiers. Ce qui cloche, ce qui est responsable du fait que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, c’est à mon sens la grande faute du personnel politique qui ne remplit pas sa mission. Les financiers s’occupent de leurs intérêts, les politiques devraient s’occuper du peuple. Mais mensonges, corruptions, lobbying amènent les politiques à n’être que les valets des financiers. Et la constitution mal foutue les protège ! C’est pour cette raison que l’assemblée constituante doit être un préalable à toute révolution. Préparer les institutions pour que le peuple soit réellement le corps décisionnaire. C’est cela la démocratie !  Vive la sédition !!!