Réflexion

Renverser le système, sauver la planète, sortir du capitalisme… des blocs si massifs, des falaises si abruptes, qu’on ne sait comment les appréhender, par quel angle les saisir ni comment trouver la force de les déplacer. Nous sommes face à une montagne, munis d’une pelle et d’un râteau, oscillant entre le déni qui fait vociférer et l’impuissance qui écrase.

Nous pouvons peut-être fragmenter la roche…ce sera long et cela nécessite le labeur répété d’une foule déterminée. Peut-être… Je pense que l’on a atteint un tel niveau d’absurdité et de despotisme qu’aujourd’hui il n’y a plus rien de dérisoire : tout acte devient insignifiant et pourtant chaque geste compte. Chaque caillou déplacé, chaque minute d’attention, chaque geste de solidarité, chaque miette, chaque dynamitage. L’infime peut reprendre de la puissance quand tout se délite.

Face à la douleur du monde, face à ce système qui oppresse et qui effraie, détruit, tourmente, face à cet engrenage qui génère angoisse et mélancolie, il nous faut opposer joie et autonomie. Il ne s’agit pas de redonner espoir, l’espoir n’est pas ma tasse de thé, il m’a trop pris. Il s’agit plutôt d’adopter d’autres notions telles que la lucidité, le courage, la décence… Durant des décennies je me suis époumonné à convaincre l’un, à secouer l’autre, avec un résultat souvent très relatif, voire inexistant. Et je sais depuis longtemps que c’est une bêtise. Il faut écouter Rosa Luxembourg….Je répugne désormais à dire aux gens ce qu’ils doivent croire ou faire, je préfère me taire. Ce n’est pas pour autant la fin de l’Histoire. Les lucioles n’ont pas disparu…Proposer des myriades de solutions ne fonctionne pas, redonnons une impulsion positive. Indiquons sans violence à l’autre que la complaisance conduit à la complicité ; et qu’il est grand temps de se reprendre en main, avec élégance et bon sens. Renouons avec le collectif presque disparu. Ce collectif qui doit construire des autonomies, refuser la compétition, la valeur-travail et la méritocratie et remplacer tout cela par une indépendance politique et matérielle, ici et maintenant. Créons des étincelles dans ce désert d’ignorances, osons revendiquer le droit à la poésie, à la dignité et la beauté et restons à contre-courant des pulsions viriles et consuméristes. Et ne croyons pas que ceci soit trop tiède ou minime. Démontrons qu’il est possible de s’inquiéter du monde tout en s’en émerveillant. Ce n’est pas encore foutu !

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